
Le BLEU : une histoire de perceptions
« A noir, E blanc, I rouge, O bleu : voyelles… » Arthur Rimbaud
Bleu cobalt, bleu de Chartres, bleu de Prusse, bleu cyan… La famille des nuances du bleu azur, outremer et bleu nuit s’est enrichie de la découverte fascinante des minéraux, pierres précieuses, végétaux et procédés techniques, à travers les civilisations et les âges. Et longtemps, la couleur ne s’est pas appelée bleue…Une peur bleue associée à nos ancêtres les barbares ? Les scribes dans la Bible vénèrent l’éclat du saphir, L’Epopée de Gilgamesh caparaçonne les parures de lapis-lazuli…Puis le bleu se divinise au Moyen-âge et décore les sculptures, vitraux, œuvres d’art de la lumière céleste que nos rois adoptent vite. Les étoffes sont teintées avec le pastel de Cocagne, tandis que l’indigo du Nouveau Monde élargit la palette des peintres. De quoi être bleu aujourd’hui face à tous ces camaïeux dans l’Art, la mode et les arts décoratifs !
La couleur… Une rencontre entre la lumière, un objet et un regard. Mais regarder une couleur suffit-il à la faire exister ? Y aurait-il d’autres paramètres sensoriels ? Et si la couleur s’habillait de nos sentiments ? Le bleu azur éclabousse les vagues marines de nos rêves de voyage, la « fleur bleue » réveille l’âme des romantiques. Le « voyant » Arthur Rimbaud crée avec « Voyelles » le langage des couleurs expressives. Ainsi, dans le creuset de la gamme chromatique se projettent nos désirs, nos goûts et nos peurs. Perception de profondeur ou de légèreté, douceur ou rugosité, impression sourde ou musicale. Matière, couleur et sensations se confondent. Quel bleu teindra t-il votre âme printanière ?